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  • : Lettres de 3 frères poilus
  • : 3 frères, Maurice, Paul, Joseph, élevés dans une famille catholique et patriote qui ne roule pas sur l'or. Maurice passe son bac de philo en 1912, comme 7000 autres condisciples. Paul vient d'obtenir son Doctorat en médecine et part sous les drapeaux pour un service militaire normalement de 3 ans. Joseph est un jeune vicaire. Leur destin va basculer au cours de l'été 1914. Voici, semaine après semaine, leur correspondance de guerre. Que leur courage ne soit pas oublié.
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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 21:32

A l´approche des commémorations du 11 novembre, la visite des tranchées reconstituées prés du village de Pressins dans l´Isére (bravo pour ce formidable travail) m´a amené á relire le livre d´Henri Barbusse, écrit dés 1916 : Le Feu.

Rappelons qu´Henri Barbusse, militant pacifiste depuis 1908, a sollicité á l´âge de 41 ans sont engagement dans l´infanterie alors qu´il aurait pu être dispensé de tout service. Pourquoi cette volte-face ? pour témoigner ? partager les souffrances des plus faibles ? ou ''tuer la guerre dans le ventre de l´Allemagne'' ?

Nous lui devons en tout cas quelques pages magnifiques sur les poilus, dont celle-ci, qui les décrivent avant l´assaut dans un état de lucidité absolue, prêts á mourir mais imperméables á la propagande :

''Chacun sait qu´il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son coprs tout entier, tout nu aux fusils braqués d´avance, aux obus, aux grenades accumulées et prêtes, et surtout á la méthodique et presque infaillible mitrailleuse -á tout ce qui attend et se tait effroyablement lá-bas- avant de trouver les autres soldats qu´il faudra tuer. Ils ne sont pas insouciants de leur vie comme des bandits, aveuglés de colére comme des sauvages. Malgré la propagande dont on les travaille, ils ne sont pas excités. Ils sont au-dessus de tout emportement instinctif. Ils ne sont pas ivres, ni matériellement ni moralement. C´est en pleine conscience, comme en pleine force et en pleine santé, qu´ils se massent lá, pour se jeter une fois de plus dans cette espéce de rôle de fou imposé á tout homme par la folie du genre humain. On voit ce qu´il y a de songe et d´adieu dans leur silence, leur immobilité, le masque de calme qui leur étreint surhumainement le visage. Ce ne sont pas le genre de héros qu´on croit, mais leur sacrifice a plus de valeur que ceux qui ne les ont pas vu ne seront jamais capables de le comprendre.''

 

 

''ce sont des civils déracinés. Ils sont prêts. Ils attendent le signal de la mort et du meurtre; mais on voit, en contemplant leur figure entre les rayons verticaux des baionnettes, que ce sont simplement des hommes''

 

Et quelques pages plus loins, les soldats perdus dans un océan de boue, doutent qu´on les croit lorsqu´il raconteront leur calvaire de retour á la vie civile, doutent même de leur propre capacité á ne pas oublier car ''les hommes c´est des choses qui pensent un peu mais qui surtout oublient. Voilá ce qu´on est , des machines á oublier''

Et pourtant '' si on se rappelait, dit l´autre, y aurait plus de guerre''

''un troisiéme ajouta magnifiquement : -oui, si on se rappelait, la guerre serait moins inutile qu´elle ne l´est''.

 

Alors faisons mentir cette prophétie, presque centenaire : ne soyons pas des ''machines á oublier'', á les oublier.

 

Bonne lecture du blog, et comme on dit au Québec : JE ME SOUVIENS

 

Thiaumont

 

 

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