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  • : Lettres de 3 frères poilus
  • : 3 frères, Maurice, Paul, Joseph, élevés dans une famille catholique et patriote qui ne roule pas sur l'or. Maurice passe son bac de philo en 1912, comme 7000 autres condisciples. Paul vient d'obtenir son Doctorat en médecine et part sous les drapeaux pour un service militaire normalement de 3 ans. Joseph est un jeune vicaire. Leur destin va basculer au cours de l'été 1914. Voici, semaine après semaine, leur correspondance de guerre. Que leur courage ne soit pas oublié.
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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 22:09

  z-Verdun--79-.JPG

ossuaire de Verdun

 

Trois semaines se sont écoulées depuis la mort de Maurice dans une énième attaque de la redoute de Thiaumont. Voici le récit de ses dernières heures par l'aumonier du 48e régiment d'infanterie de Guigamp avec lequel Maurice avait contruit une solide amitié. La lettre est adressée à Monsieur l'Abbé, c'est à dire Joseph, le frère de Maurice.

Cette fin presque anonyme d'un jeune homme sympathique et courageux est terriblement représentative du  gachis humain  qu'a généré cette impitoyable guerre.

Thiaumont

 

22 septembre 1916

 

C'est ma permission qui a retardé cette réponse à votre touchante lettre.

Oui, c'est bien le 29 août vers les 6 heures du soir que Maurice fut blessé et le jeudi 31 qu'il a rendu sa belle âme à dieu. C'est devant Thiaumont qu'il fut blessé. Dans cet horrible secteur il n'y a même pas de tranchées.

Maurice était tapis dans un trou d'obus quand un obus fusant éclate au dessus de lui, le criblant de blessures aux jambes, aux bras...

Le transport des blessés étant impossible de jour il a du rester 2 ou 3 heures sans être pansé, perdant beaucoup de sang. Je l'ai soigné moi-même au poste de secours et lui ai donné l'absolution. Il avait toute sa connaissance mais semblait très affaibli sans blessures mortelles.

Il fut transporté à l'arrière à l'arrivée des brancardiers divisionnaires vers les 20 heures. Il dut arriver à l'ambulance de fontaine-Routhon (19/20 SP80) vers la pointe du jour. Relevé le 30 ou plutôt dans la nuit du 30 au 31, j'allais le voir immédiatement en arrivant aux baraquements où nous avons passé 24h.

En arrivant à l'ambulance vers les 13h on me dit qu'il venait de mourir. J'ai interrogé les infirmiers de la salle, le malade son voisin de lit, l'aumônier, on ne m'a pas donné grand renseignement. Il m'a semblé comprendre qu'il s'est éteint sans secours à bout de sang. Personne n'a su qu'il passait ni s'aperçut de sa mort.

Il vous est absolument inutile de demander des renseignements à l'ambulance. Les décès sont nombreux en quelques heures, j'allais dire quelques minutes.

P Gouranton

aumonier 48e RI 3e bataillon SP74

 

 

 

2 octobre 1916

 

Monsieur l'abbé

 

J'ai reçu aujourd'hui votre lettre et le billet. La 9e messe sera bientôt de dite.

La tombe pourrait peut-être photographiée par l'aumonier de l'ambulance. Le cercueil de Maurice est en bois léger mais cependant solide.

Demandez à l' aumonier si vous pourriez le mettre dans un autre cercueil.

Je crois cependant qu'il vous vaudrait mieux attendre la fin de la guerre.

J'habitais avant la guerre à l'ancien Kursaal de Dinant Belgique. Je suis religieux oblat de marie Immaculée ; Si le bon Dieu nous conserve, nous pourrons nous voir après la guerre.

Union de prières

P Gouranton

 

 

  prochaines lettres vers le 19 octobre avec notamment une lettre émouvante d'un de ses compagnons d'armes...

 

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