Après presqu'un an de trêve pour cause de blessure, Maurice revient aux dures réalités du front, c'est à dire des tranchées. Il n'a pas perdu, semble t'il sa combativité, en témoigne les lettres que voici...
Thiaumont
Le 6-10-15
Bien cher Joseph,
Suis toujours en bonne santé et au repos. J'ai reçu aujourd'hui ta carte et la Semaine religieuse, merci, cela me donnera de la lecture dans les tranchées car nous y montons ce soir. Je vais voisiner avec les Boches et cela à moins de 50 mètres, on va pouvoir jouer du pétard ; à moins qu'on ne les attaque pour les faire filer. Les canons tonnent dur et ?? cela fait plaisir, surtout après le gros succès du 25, 7e succès qui se continuera, espérons le !. A bientôt de tes nouvelles, je t'écrirais des tranchées si je le puis.
Ton frère qui t'embrasse bien fort
Maurice sergent 12e de ligne d'inf 48e SP 74
Le 9 octobre 15
Bien chère Maman,
Je vais toujours bien malgré le gracieux envoi de marmites par les Boches, qui d'ailleurs font beaucoup de bruit mais causent peu de mal. Nous n'avons eu jusqu'ici qu'un blessé et par une balle. Suis en deuxième ligne dans un bois. De bonnes sapes nous mettent à l'abri des obus et des "minen". C'est de là que je t'écris. J'ai reçu ta lettre du 3 octobre et je vois que tu te fais beaucoup de peine ; je t'assure que tu ne dois pas te tourmenter, j'en suis déjà revenu et avec l'aide de Dieu j'en reviendrai encore et cette fois il faut espérer que ce sera la bonne, lorsque les Boches seront hors de chez nous et cela viendra plus vite qu'on ne pense. Allons à bientôt de tes nouvelles. Je t'embrasse de tout coeur.
Maurice
Le 12 oct 1915
mon cher Maurice,
Ta lettre du 6 m'arrive à l'instant. J'y réponds aussitôt. Tu fais bien de donner souvent de tes nouvelles et je te recommande toujours d'être très régulier à écrire. De cette façon personne ne sera inquiet. Je l'ai envoyé il y a 3 ou 4 jours un petit mot pour t'annoncer le deuil de la famille N.. Depuis je n'ai pas manqué un seul jour d'aller la voir
C'est samedi prochain que je compte partir en permission. J'arriverai probablement à Moras le lundi matin. Il y aura près de 15 mois que je ne serai pas retourné. Allons vite un mot. Merci de ta lettre. Je t'embrasse de tout coeur.
Joseph